Gyan Panchal - Au seuil de soi - « Ici commence une vie nouvelle »





Gyan Panchal, « Ici commence une vie nouvelle[1]. »




I Rainer Maria Rilke écrit, vers 1924 : « (…) quand la vie se verse et s’impatiente vers une autre vie[2]»

Une lente impatience anime les mains du sculpteur. Venue de gestes du dehors, nourriciers, modestes, ignorés, reconnus, violents. Venue de gestes du dedans, heuristiques, adoucis d’abandon et de reprise, monotones, intempestifs parfois par vive curiosité, récitatifs à force d’écoute. Gestes légers d’agir, érudits d’inquiétude et de souvenirs. Gestes, mains, doigts vivant de précision. Une impatience qui aurait appris à s’immiscer, puis à se couler dans les temps géologiques et les physiques muables de matériaux anodins, populaires, plastiques, communs, égaux, industrieux, un jour aperçus, trouvés, récupérés, volés dans le ventre foule, dans le ventre usine, dans le ventre chantier, indifférent et solitaire d’abondance consommatrice et inégalitaire de la ville glorieuse du xxe siècle ; une impatience contre la vitesse ; une lenteur contre le succédané ; une impatience qui aurait appris à reprendre son temps, loin des injonctions et des ordres, à, enfin, le saisir pour sien en toute majesté et fragilité. Un temps ouvert à lui-même, à ses propres héritages et à sa propre utopie, oublieux des foules, respectueux des anonymats, des coulées et des cassures, des faiblesses et des singularités de chaque être, de chaque chose, de chaque matière, et don d’écoute envers des objets laissés-pour-compte, des objets hétéroclites happés dans la promenade urbaine, tel Le Paysan de Paris[3] d’Aragon, emporté par sa fascination pour un quotidien surréel producteur de mythologies modernes, des objets recueillis, croisés dans l’exercice d’une flânerie nouvelle, comme dans un retournement de cette modernité et de ses correspondances, au long de chemins ruraux du Limousin, aux abords du plateau de Millevaches où de nouvelles formes de vie s’inventent, s’expérimentent, au seuil de travaux agricoles et d’élevage jusqu’ici méconnus du sculpteur et déposant de nouveaux mots ; un soin ou un souci préambule maintenant à une vie moulée d’un devenir d’étonnant indéfini, une vie reversée en devenir d’autre chose. Lui, le sculpteur, Gyan Panchal, fut le promeneur des villes ; aujourd’hui, il est le flâneur des bas-côtés des champs, des rives de lac, des fossés herbeux des chemins, des sentes forestières, il se fait « entomologiste » des hasards et des pauvretés, des bords et des indices de vie.

Revenir à la lenteur, dans un ici et maintenant noué de vieillir. Je lis ces phrases d’Erri De Luca : « La mort n’est pas identique pour toutes choses : ce n’est qu’après avoir traversé la mort que certains objets commencent à vieillir. Un jouet vieillit après s’être cassé, après être mort[4]. » Je vois le sculpteur à ce point de passage. Il est à ce moment de bascule des choses, à ce moment du vieillir, du plus fragile, du plus friable, et il le recueille. C’est alors, de sa part, une lenteur tissée, entrecroisée de prévenances et de césures promptes, sans hiérarchies ; une lenteur qui regarde, qui approche, qui touche, qui emporte, qui recouvre les surfaces d’une mansuétude rêveuse ; une lenteur qui s’autoriserait à accoster le banal, le survivant d’une économie du déchet, le reste inattendu, à aborder l’objet oublié à son inutilité soudaine, à lui incompréhensible – à sa vieillesse donc, dirait De Luca –, un objet parfois cassé, parfois brûlé, parfois éventré, parfois déchiré, parfois décousu ; une lenteur qui s’arrimerait à cet objet, comme autrefois elle s’était fixée à des matières polystyrène, à leur grain, à leur blancheur factice ; une lenteur qui patienterait à la surface des peaux matérielles de ces objets récoltés, fêlées d’histoires, héritage d’un temps, de ce « temps-ci, de cette époque-ci[5] », celle où bien des gestes humains sont gavés d’appropriation, de colonisation, de préhension, d’injustices, d’indifférence, de guerre, celle d’un conflit mortifère de l’homme capitaliste contre le divers, contre l’humain et le non-humain, contre le multiple, contre son propre milieu d’existence, celle où l’on fait des « cabanes », réelles ou de mots – j’aimerais ajouter de sculptures, de peintures, de films, d’images pensées, de couleurs sensibles – pour, dit Marielle Macé, « élargir les formes de vie à considérer, retenter avec elles des liens, des côtoiements, des médiations, des nouages. Faire des cabanes pour relancer l’imagination, élargir la zone à défendre, car “de la ZAD”, c’est-à-dire de la vie à tenir en vie[6]. » Les objets désarçonnés de la vie moderne ou déshérités du monde global, vieillis dans la sculpture, repris par la sculpture à venir, pourraient-ils « nous » restituer une humanité ?


II Dante, au huitième cercle de L’Enfer croise Ovide, et par ces quelques vers défie le poète des Métamorphoses :
      « (…) jamais il ne transmua deux natures face à face
       De telle façon que les deux formes
       Fussent en mesure d’échanger leur substance (…)[7]. »

Lui, Gyan Panchal, s’octroie de recycler des matériaux dénigrés – ce polystyrène produisant nos vies de consommateurs et consommatrices, issu des transformations et opérations industrielles des énergies fossiles qui furent notre confort moderne, notre passagère prospérité et nos guerres du siècle précédent ; il s’accorde de recueillir ou de chiner ou de rattraper des objets usagers, usés, méconnus de l’urbain, devenu le « petit peuple » des bas-côtés – un kayak d’eau vive, un silo à grains, une combinaison de traite ou d’épandage ou de pêche, une bassine de caillage, des ruches… Ce sont des matériaux et des formes qu’il ne confond pas, qu’il accole. Cela l’attire, le déconcerte, l’intrigue, l’amuse, le relie aux mondes et aux êtres alentour. Il s’octroie de leur accorder un intérêt – bienveillant –, lui parle d’une « aura » dans la tradition benjaminienne[8] ; il ne les réduit pas à l’utile, à une quelconque valeur de la fonction, à ce que fut leur quotidien d’avant, mais il en conserve dans les contours la généalogie, la substance ; il ne les réduit pas à un « trait d’insignifiance » : il leur donne place, leur fait place dans son attention, dans son geste, dans l’atelier, dans sa voix, dans la salle d’exposition (plus tard) et, peu à peu, dessine pour eux un versement d’une forme vers une autre forme ou vers d’autres formes recomposées, vers d’autres fixités ou vers d’autres fluidités, vers d’autres cohabitations, sans fusion, sans hybridation ; un « élargissement[9] » de vie, de présence, d’occupation ou de déploiement d’espace, de contact. La sculpture, peut-être après s’être appropriée cette première mort des choses, après s’être émancipée des chimies néfastes des matériaux, est comme le poème chez Jean-Christophe Bailly, qui « s’il est envisagé dans sa plénitude, excède la seule question de son genre, il s’élargit, il se propage au-delà de lui-même et retrouve sa mémoire[10] ».

Lui, le sculpteur, lecteur de Francis Ponge et de son Parti pris des choses[11], il apprend à vivre avec tout cela. Comme avec sa lenteur. Comme avec son attente. Son impatience se familiarise avec la résistance et le dessin des choses ; il entre et progresse dans leurs intimités, leurs pudeurs, leurs réticences, leurs solitudes ; il reconnaît leurs lignes, leurs couleurs, leurs surfaces, leurs blessures, leurs langueurs, leurs passés ; il les ausculte, longuement ou par intermittence – son désintérêt est toujours provisoire, jamais une retraite du savoir ou du sensible, jamais un renoncement, simplement une suspension bénéfique vers « l’horizon d’attente[12] » que serait l’œuvre dans son exposition – ; il préserve dans ce milieu qui est le sien qu’est l’atelier ou la réserve. Ce fut longtemps à Paris. C’est aujourd’hui, et depuis quelques années, dans le village d’Eymoutiers, au pied de la « montagne » limousine, vitrines ouvertes sur le dehors du monde. Parfois, il laisse l’objet en sommeil, défait, incomplet d’il-ne-sait-quoi encore, désarticulé de son ancienne carcasse, découpé, fendu, recroquevillé, entre deux temps, entre deux vies, entre deux présents. Il se surprend maintenant à attendre ces objets, peut-être à les traquer, à les débusquer, à les espérer. Le hasard peut être propice et le flâneur peut se faire chasseur – de lui-même. Mais il dit qu’il est un chiffonnier ou, avec plus d’exactitude dans la méthode de son geste, que son travail est celui du chiffonnier, à la manière de celui que Baudelaire, regardé par Walter Benjamin, place aux bords de la modernité bourgeoise et accumulatrice : il retient et retire le rebut de sa gangue économique, et le tourne vers le neuf. Il ramasse et il reformule dans les inconnues d’un autre geste, dans les enveloppes d’autres motifs, sculpturaux. Le rebut contient des histoires sans fin ; ici, c’est une histoire de recomposition, de remploi, de « revenir ».

Lui, Gyan Panchal, sait que les choses se recommenceront, au lointain de ce temps de surcroît, loin de leur origine première, loin de leur provenance, loin de leur assignation humaine, se demandant peut-être où ira leur si long présent lorsqu’il deviendra passé, conjurant leur finitude, provisoirement, pour un temps, prêtes à une nouvelle fécondité de sens et de possibles, et pourquoi pas de métaphores accompagnant, amplifiant d’autres rumeurs du monde. Pourquoi ces objets furent-ils laissés là, sur le bord d’un chemin communal, sur les gravats d’un chantier, sur le sol d’un entrepôt, dans une rue, restera une sage ignorance – les savoirs se remodèlent dans les présents vivants.




III Goethe écrit au Livre XVIII de son autobiographie, Poésie et Vérité : « (…) il m’encouragea à dessiner les points de vue remarquables. Je me tirai à peu près des contours, mais rien ne venait en avant, rien ne reculait : je n’avais aucun langage pour exprimer ces objets[13]. »

Lui, Gyan Panchal, laisse paraître et lire un récit « sculptural », en un phrasé tantôt continu, tantôt arrêté, tantôt massif, tantôt fragmenté, tantôt aveugle, tantôt duel. Un phrasé qui réinvente des noms. Certains aux sonorités d’une langue archaïque, disparue, imaginaire, et à la graphie imprononçable, comme s’il ne restait qu’une possibilité phonétique qui pourrait alors se psalmodier en un chant de poésie concrète et austère :

« qqlos klimm qotrod –
– dhrso –
metiri mestis oncn,
eca leh gaet glas
– uoel –
nasci scell – brocen
drktra –
kenes pan phol veicl mearc – grasan – nistan kutis dhghomon,
weg »

Certains noms récupèrent les substantifs de la langue vulgaire, son orthographe commune, pour se faire titre à la manière de ceux d’une nouvelle, et rouvrent à un récit aux apparences lettrées rassurantes : le tronc, l’haleine, le bourgeon, l’hôte, le cœur, l’urne, l’aveugle, la lettre… Ce récit nomme aux bordures des surfaces et des définitions et connaît ses paradoxes. C’est un phrasé qui reconnaît ses solitudes et ses tentatives de rencontres, ses échecs et des détours, ses fatigues, ses élans arrêtés et ses dos au mur, sa scène tragique et ses dialogues impossibles, ses mutités et ses ruptures, ses peurs et ses éclosions, ses retraits et ses abris. La solitude y est un acte d’indépendance – non pas tant pour soi, mais pour l’autre aussi désiré fût-il – et de silence interrogatif sur un « nous » aussi perdu qu’introuvable. Mais « nous » est-il nécessaire ? Mais « je » est-il une garantie de possibles ?

Que dire de ce récit-là ? Qu’il s’accorde des assonances nominatives et des connivences inversées lorsqu’un kayak de vitesse, fait pour les courants rapides, pansé, poncé, couché sur son flanc, se heurte à une bassine de caillage évidée de son lait fermé, et devient Le Versant (2019), une sculpture quasiment blanche, de rencontre, d’ignorance de l’autre et pourtant fixé à lui ? Qu’il accepte les intrusions naturelles ou artificielles et les déséquilibres ? Qu’il s’autorise l’émotion et le relâchement sensuel, voire érotique, la mélancolie et une nonchalance, qui suintent de cet assemblage de longs blocs de polyuréthane, de filasse et de résine alanguis au sol qu’est qomde (2012), entraînant l’imaginaire vers la figure de l’odalisque. Qu’il trouble l’ordre des genres par ses labyrinthes et ses détours d’indéfinitions lorsque ce qui fut un jouet d’enfant, repeint d’une couleur molle, à la tête de poule renversée ou sens dessus dessous, se veut un Bourgeon (2019) ou veut s’appeler Bourgeon, sans autre attribut ? Qu’il pourrait être (auto)biographique – sans doute comme chaque geste de nos vies séparées –, qu’il rassemble une traversée d’époques et de milieux (archéologiques, géologiques, urbains, ruraux, artistiques, in fine), qu’il ressemble à une adresse faite à un témoin[14] impassible, ou distrait, ou fatigué, aux débords du réel et des désirs, qu’il s’exerce à un apprentissage des passages et des transhumances, qu’il emprunte à des anecdotes fugitives[15] – et peut-être improbables –, négociant leur suite à la couture de passés extirpés ou écourtés et à la surface de présents boiteux ou aveugles ? Lente impatience ou impatience furtive ? Noms impossibles ou noms sollicités par les bords des indices du réel « où la fiction accueille le monde des êtres et des situations qui étaient auparavant à ses marges : les événements insignifiants de l’existence quotidienne ou la brutalité d’un réel qui ne se laisse pas inclure [16] » ? Je ne saurais décider.

IV Italo Calvino écrit en 1983, dans l’un de ses derniers récits, Palomar : « Dorénavant le fait que Monsieur Palomar regarde les choses du dehors et non du dedans, ne suffit plus : il les regardera avec un regard qui vienne du dehors et non du dedans de lui. Il essaie d’en faire aussitôt l’expérience : ce n’est pas lui qui regarde maintenant, mais le monde du dehors qui regarde au-dehors[17]. »

Depuis où ? Depuis quel dehors du dehors ? Lui, Gyan Panchal, viendrait-il du dehors des choses ? Dans l’ultime moment de la sculpture se retrouverait-il perdu dans leur dedans ? Mettrait-il le dehors et le dedans sens dessus dessous ? Il est un lieu sidéré de détails, d’ombres, de failles, de débords. Mais lieu d’un refuge des formes ; mais lieu où les matières trouvent à se nicher les unes avec les autres au cœur d’une intériorité parfois dénudée ou mise au visible d’un œil pudique – je pense alors si fortement au Cœur (2017), ce silo à grains coupé en deux, ouvert sur sa demi-paroi translucide laissant découvrir l’intrusion de la découpe parfaite d’un gant d’exploration vétérinaire –, au cœur d’une intériorité parfois prisonnière de sa peau isolée, flottante ou apposée. Il me revient ici le souvenir surpris du toucher physique de la surface d’uoel (2006-2008), ce monolithe trompeur de polystyrène expansé, aussi léger que la fougère factice venant caresser en son envers l’arc du silo à grains de La Parenté (2018), et recouvert de pétrole qui jamais ne s’absorbe, devenant à la fois un véritable masque de porosité et un jaillissement des origines de la matière. Mais lieu où les matériaux esseulés trouvent à s’effleurer les uns à l’intérieur des autres, profondément. Mais lieu où les objets exilés, écartés, privés de leur habitacle, de leurs habitudes, de leur langage, de leur lexique, de leur sens éventuel, de leur histoire ancienne, se versent vers une vie incertaine, bancale, étroite peut-être, béante peut-être, exposée, mais encore là, dans un espace d’asile[18] qui leur offrirait d’advenir, de (re)venir. Mais un lieu où les choses dans les habits neufs et indéfinis de la sculpture (re)trouvent un nom, sont (re)nommées par la voix humaine. Un nom est une vie qui se présente. Et c’est ainsi que s’élargissent la familiarité, la précaution, l’attention, qu’« ici commence une vie nouvelle » redira Dante à l’orée de sa Vita Nova[19]. Il s’agirait de se reverser et de reprendre sens, de reprendre souffle, pour eux et par eux, pour et par ces objets que le sculpteur recueille, considère, et leur fait le don, après des manipulations, des opérations de ponçage, d’entaille, de pansement, de mises au sol ou d’accrochage, de paraître, à nouveau, une nouvelle fois, encore une fois, pour eux-mêmes et contre eux-mêmes, parce qu’ils sont changés dans leur corps et dans leur présence et leur nom et leur sens sous les gestes de l’artiste.

Jean-Christophe Bailly reprendrait en disant « qu’il s’agit d’un rapt par lequel l’homme substitue à la violence de la signifiance celle de la signification. Les choses sont en quelque sorte sommées de répondre à l’homme et pour lui[20] ». Puis il ajoute : « Les choses n’accèdent pas à l’humain, c’est l’homme qui accède aux choses. Nommées par l’homme et même fabriquées par lui les choses résistent infiniment à ce baptême – et tout le travail du langage, d’un langage qui voudrait que la vérité le traverse, c’est, ce serait justement, de débaptiser les choses, de les sortir de l’eau lustrale de la signification pour faire revenir le langage auprès d’elles, dans l’eau native de la signifiance[21]. »

Lui, Gyan Panchal, le sculpteur, écoute tout cela, et songe à l’indéfinition des choses, à ce qui n’est pas encore trouvé, à ce qui n’est pas encore lu, à ce qui n’est pas encore vu, à ce qui n’est pas encore nommé, à ce qui n’est pas encore advenu, à l’indétermination de l’ouvert dans une introspection généreuse, sédimentée du monde.
Texte écrit pour la monographie « Gyan Panchal, Au seuil de soi », à l'occasion de l'exposition éponyme au musée d'art moderne et contemporain Saint-Étienne Métropole, Éditions Snoeck, 2019.








[1] « En cette partie du livre de ma mémoire, avant laquelle peu de chose se pourrait lire, se trouve une rubrique, laquelle dit : Incipit vita nova. », Dante Alighieri, Vita Nova, traduction de Louis-Paul Guignes, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Poésie/Gallimard », 1974, p. 29.


[2] Rainer Maria Rilke, « La Fenêtre », in Vergers suivi des Quatrains valaisans, édition établie, présentée et annotée par Bernard Baillaud, Paris, Le Bruit du temps, 2019, p. 91.


[3] Louis Aragon, Le Paysan de Paris [1926], Paris, Éditions Gallimard, coll. « Folio » 1961.




[4] Erri De Luca, Pas ici, Pas maintenant, traduit de l’italien par Danièle Valin, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Folio », 2008 pour la traduction française, p. 53.


[5] En référence à l’ouvrage du philosophe allemand Ernst Bloch, publié pour la première fois en 1935 alors qu’il est exilé à Zürich, Héritage de ce temps, traduction de Jean Lacoste, Paris, Éditions Klincksiek, coll. « Critique de la politique », 2017. Préface de Jean Lacoste, « Sous bénéfice d’inventaire » : « Il faut entendre l’accent qui est mis sur dieser Zeit, c’est-à-dire “ce temps-ci”, sur cette époque-ci, sur le temps présent. Il y a en effet un paradoxe dans ce titre. Le temps présent n’est pas encore mort, par définition, et pourtant Ernst Bloch nous invite, dans un geste prématuré, à déjà faire l’inventaire de la succession. », ibid., p. VI.


[6] Marielle Macé, Nos cabanes, Lagrasse, Éditions Verdier, 2019, p. 30.


[7] Dante Alighieri, « L’Enfer », chant XXV, in La Divine Comédie, présentation et traduction par Jacqueline Risset, Paris, Éditions Flammarion, coll. « GF Flammarion », 2004, p. 231.


[8] « L’expérience de l’aura repose donc sur le transfert au niveau des rapports entre l’inanimé – ou la nature – et l’homme, d’une forme de réaction courante dans la société humaine. Dès qu’on est – ou qu’on se croit – regardé, on lève les yeux. Sentir l’aura d’une chose, c’est lui conférer le pouvoir de lever les yeux. » Walter Benjamin, « Sur quelques thèmes baudelairiens » (1939), in Charles Baudelaire, un poète lyrique à l’apogée du capitalisme, traduit de l’allemand et préfacé par Jean Lacoste, Paris, Éditions Payot et Rivages pour la présente édition, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2002, p. 200.


[9] En référence au titre du recueil de textes de Jean-Christophe Bailly, L’Élargissement du poème, Paris, Christian Bourgois éditeur, coll. « Détroits », 2015.


[10] Ibid., p. 8.


[11] Francis Ponge, Le Parti pris des choses, Paris, NRF-Gallimard, coll. « Métamorphoses », 1942.


[12] Pour reprendre l’une des deux catégories métahistoriques de l’historien Reinhart Koselleck – « champ d’expérience » et « horizon d’attente », in Le Futur passé. Contribution à la sémantique des temps historiques, traduit de l’allemand par Jochen Hoock et Marie-Claire Hoock, Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, coll. « En temps et lieux », 2016, p. 357-381.


[13] Johann Wolfgang von Goethe, Poésie et Vérité. Souvenirs d’une vie, traduit de l’allemand par Pierre du Colombier, Paris, Éditions Aubier, coll. « Domaine allemand », 1941, p. 473.


[14] Dans l’exposition de Gyan Panchal, « Au seuil de soi », musée d’Art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole (20 mars – 22 septembre 2019), deux sculptures posées formant un « couple d’objets », se présentent sous les titres, l’un de L’Adresse (2018), faite d’une combinaison de pêche dont l’unique membre est traversé par un fragment de canne à pêche, l’autre du Témoin (2014), composé d’un conduit de cheminée et d’un tissu en feutre flasque s’en échappant.


[15] « Les constructions de l’histoire sont comparables à des ordres militaires qui tourmentent et casernent la vraie vie. À l’inverse, l’anecdote est comme une révolte dans la rue. Elle nous rend les choses spatialement plus proches, elle les fait entrer dans notre vie. Elle représente l’opposé exact de l’histoire qui requiert l’identification, l’“intropathie” sous l’effet de laquelle tout devient abstrait. » Walter Benjamin, Paris, capitale du xixe siècle – Le livre des passages, traduit de l’allemand par Jean Lacoste, Paris, Éditions du Cerf, 1989, p. 561.


[16] Jacques Rancière, Les Bords de la fiction, Paris, Éditions du Seuil, coll. « La Librairie du xxie siècle », 2017, p. 15.


[17] Italo Calvino, Palomar, traduction de l’italien par Jean-Paul Manganaro, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points », 1985, p. 112.


[18] L’Asile (2019) est l’une des pièces installées dans la dernière salle de l’exposition « Au seuil de soi ». D’un vert acide, elle entrelace différents jouets : une forme de coquillage, une chenille à bascule altérée et un ballon sauteur crevé.


[19] Vita Nova, œuvre de jeunesse du poète florentin, a été écrite de 1292 à 1293. Dante Alighieri, Vita Nova, traduction de Louis-Paul Guignes, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Poésie », 1974.


[20] Jean-Christophe Bailly, L’Élargissement du poème, op. cit., p. 14.


[21] Ibid., p. 16.






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