Vermeer Johannes, 1632-1675, Delft, notre inépuisable contemporain.
L'Astronome, 1668, huile sur toile, Musée du Louvre. |
«Ce que l’on peut voir au soleil est toujours moins intéressant
que ce qui se passe derrière une vitre.
Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie.»
Charles Baudelaire, «Les fenêtres» (1863), in Le Spleen de Paris.
Voir aujourd’hui Vermeer. Comment le voir? Comment voir les tableaux présentés actuellement au Musée du Louvre dans cette exposition collective historienne: Vermeer et les Maîtres de la peinture de genre? Un Vermeer à la fois mis en exergue d’un titre et réinséré dans le réseau de ses contemporains du Siècle d’or de la peinture hollandaise et de cette «peinture dite de la scène de genre» que fut celle des intérieurs d’une bourgeoisie urbaine florissante, cultivée et collectionneuse. Ou que peut-on encore voir de ces tableaux? De quel lieu regarder et voir? De face? De la fenêtre? De l’extérieur de cette fenêtre, source de la lumière intime. De l’espace intérieur? De ce mur de fond quasi monochrome? Du corps du personnage et de son activité toujours précise, solitaire, concentrée? Le personnage de Vermeer est à l’intérieur de son occupation, de ses gestes mesurés d’un travail quotidien, d’un loisir musical, d’une observation scientifique, d’un sentiment. Toujours en suspens. Présent et ailleurs. Il est ou elle est, selon le personnage, l’acte de toute mesure humaine. Le personnage de Vermeer regarde, au plus proche lointain, au plus petit ou au plus grand, ou plus précisément observe. Dans un infiniment grand et un infiniment petit. La plus grande précision se fait rêverie autant que contemplation. Dieu est «relégué» dans l’un de ces tableaux dans le tableau, à la frange du visible, suspendus sur ce mur monochrome. Il est une représentation derrière la représentation humaine: rumeur divine, rappel divin ou arrière-plan mémoriel qui permet au sujet d’être ou de devenir le centre du monde.
Johannes Vermeer (1632-1675), La femme à la balance, vers 1664,
Widener Collection. Washington. National Gallery of Art.
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