Rosa Barba, Spaces for species (and pieces): la choralité des arts
Exposition
Rosa Barba : Spaces for species (and pieces)
28 novembre 2015-28 février 2016
Dresde (Allemagne) – Albertinum.
Récente lauréate du Prix international d’art contemporain 2016 (PIAC), décerné par la fondation Prince Pierre de Monaco, pour son film Subconscious Society, a feature (2014), l’artiste italienne Rosa Barba, née en 1972 à Agrigente, vivant et travaillant à Berlin, présente à Dresde, à l’Albertinum, sa première exposition monographique dans un musée allemand. Au-delà de ce fait biographique quelque peu anachronique pour une artiste qui a étudié le théâtre, le film et les arts visuels à l’université d’Erlanden, en Bavière, puis à l’Academy of Media Arts, à Cologne, le choix conséquent des quinze œuvres présentées dans cette exposition Spaces for species (and pieces) assimile cette dernière à une véritable rétrospective. Une occasion rare de pouvoir parcourir la pluralité des formes, motifs et médiums dont cette œuvre est enchâssée (films, pellicule de celluloïd, sculptures projecteurs ou cinétiques, son, textes, mots, lumière, écrans, installations projections…), élargissant hors des frontières assignées par la tradition moderne les champs de la sculpture, du cinéma et du récit narratif. Quinze œuvres – ou « pieces » ainsi que les nomme fort à propos le titre anglais – qui, interrogeant leur propre médium, après qu’il fut décomposé en ses éléments constitutifs, se reforment en des objets nouveaux, créateurs de temporalités méconnues, souvent hybrides ou indéterminés dans leur statut, désorientant le visiteur dans sa perception.
De la sculpture sphérique, molle, Conductor (2014 – qui appartient à l’installation Fosse d’orchestre qui sera installée sur la rivière Doubs, à Besançon en juin prochain), propulsée au sol par un son diffusé de l’intérieur, à Vertiginous Mapping (2008-2015), projet virtuel commissioné par la Dia Art Foundation, en passant par des films indécis entre fictions conjurant une catastrophe à venir et possibilités d’utopie (The Empirical Effect, 2009 ; Somnium, 2011), ou un film installation avec projecteur sculpture (Time as Perspective, 2012), qui dévoile jusqu’à l’abstraction et le vertige visuels les champs d’extraction pétrolifère dans le désert du Texas, Rosa Barba nous entraîne dans une traversée opératique d’images et de sons, nous engageant à une conversation avec ces œuvres, qui se répondent dans une choralité à la fois spatiale et temporelle. Images et écritures se répondent en perspective. Chaque pièce – sculpture, film, projections, écrans de texte ou «tapis» gravé de récit inconnu – revendique leur autonomie, tout en constituant un tempo commun où jouent l’écriture, le son, l’image, la couleur, la lettre, dans un maeström fragile des arts et de leur constitution.
Le c(h)œur central, mais non imposant, de cette exposition est, sans nul doute, parce que présentée pour la première fois dans son intégralité, l’installation The Hidden Conference (2010-2015). Composée de trois films projetés en forme semi-circulaire, dont les images et les bandes sonores se mêlent, se font écho, chacun d’eux a été tourné dans les réserves de musées européens : la Neue Nationalgalerie à Berlin, les musées capitolins à Rome et la Tate à Londres. Essais poétiques, réflexion sur l’œuvre d’art, sur ce qu’elle devient lorsqu’elle est cachée des regards publics, loin de la cimaise et de l’exposition, ces trois films défient les temps chronologiques de l’histoire de l’art, instituant d’autres récits et d’autres rencontres possibles.Texte en cours.
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