Julius Koller, vue du point de vue de la galerie














«Julius Koller: Mini-Concepts / Maxi-ideas», galerie gb agency, Paris.
2 juin-21 juillet 2012.
www.gbagency.fr

La promesse de l'idée.
L'œil de la galerie.
Un prototype d'exposition.

          Le jeu... Ou la partie de ping pong (Ping Pong: sonorité et figure d'un échange, que l'artiste soit présent ou pas, ainsi était l'idée de Julius Koller lorsqu'il imagine, en 1971, le projet du «Ping Pong Club»).
          Ce qui advient: la réactivation d'une partie de ping pong et/ou de la métaphore politique: la table de ping pong et son espace formel délimité et ses règles ; table démocratique d'échanges duels ou collectifs, et aléatoires. Julius Koller place le «fair play» – ou son idéalisation – dans l'acte de démocratie. Mais il peut se produire un événement : l'absence de joueurs, la seule présence des objets. Le jeu est toujours au futur. En ce sens, l'œuvre de Julius Koller (né en 1939, près de Bratislava, en ex-Tchécoslovaquie) serait une œuvre «au futur» ou «dans le futur». Virtuelle, imaginaire ou sur-réelle, elle projette dans un présent performatif un à venir/avenir ou pose les pièces indicielles de son interrogation culturelle dans un réel contraint et contrit, anti-humain et anti-artistique.





          La galerie gb agency a ordonnancé son espace de monstration en autant de zones de définitions culturelles avec leurs délimitations et leurs repères, ces sigles recouvrant  des réalités qualifiées d'extra-réelles dans sa contestation d'un réalisme académique et imposé, niant les réels, créant un prototype d'exposition pour une œuvre qui n'a pu, dans une société communiste rigidifiée, privée de ses utopies, censurant et réprimant les ouvertures politiques et démocratiques du Printemps de Prague, que s'argumenter comme «anti-œuvre» - «anti-art»... S'articulent ainsi pièces, textes, documents, cartes imprimées, «communiqués textuels»,  télégrammes envoyés dans cette procédure toujours de relation et d'échange, photographies de l'artiste (presque comme preuve tangible et ironique à la fois de son existence et de sa présence) dans un acte de performance et d'interrogation du quotidien, concepts, signes (le point d'interrogation, indice, interpellation, présence concrète, ponctuation spatiale), sigles recouvrant des réalités doubles.
Point de vue de la galerie – après une première exposition en 2007 («A Space is a Place»), alors que Julius Koller était encore vivant –, aujourd'hui, délimitant des histoires et des imaginaires de l'œuvre, faisant acte de «remontage» (pour reprendre de façon extensive l'expression de Georges Didi-Huberman) dans le processus formel et conceptuel d'une œuvre qui s'est, au fond, située sur la ligne de la défense et de l'éphémère.
          Artiste conceptuel, réorganisant son propre espace de l'art par ses propositions textuelles, par ses actes d'infiltration dans le réel contesté, Julius Koller dépasse et dévie le modernisme figé qui le forme à l'Académie des Beaux-Arts de Bratislava. Une contestation qu'il inaugure, en 1965, en un geste de présence dans une sphère de l'art qui se refuse à lui et à son travail, par un manifeste: «Anti-Happening (System of Subjective Objectivity».
«(...) j'ai fait du point d'interrogation un symbole à plusieurs niveaux,
en le posant sur différents matériaux et dans différents endroits: dans la campagne,
dans l'environnement urbain,
et même partout dans le monde où je pouvais me rendre».
Julius Koller -
Conversation entre Julius Koller et Roman Ondak,
publiée dans le catalogue de l'exposition «Les Promesses du passé. 1950-2010.
Une histoire discontinue de l'art dans l'ex-Europe de l'Est»,
Éditions du Centre pompidou, 2010.

Le point de vue de la galerie: autour du point d'interrogation,
symbole et identité de l'artiste.
«Je voulais qu'il [le point d'interrogation] devienne le signe de ma personnalité
et qu'il devienne mon propre symbole, mon trait distinctif. Je me posais toujours toutes sortes de questions,
c'est pourquoi le point d'interrogation est devenu mon emblème.» - Julius Koller, entretien filmé par Yoann Gourmel et Mark Geffriaud, en juin 2007, chez gb agency.


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