Les chroniques Purple - Le voyage archéologique 2


Olaf Nicolai, «L'Escalier du chant» mardi 3 décembre 2013
LE CHŒUR MUET DU LOUVRE
Plusieurs expressions sont venues à l’esprit cette après-midi-là : « Ouvrir le monde poétique », « Sentir ou, dans voile de limbes, ressentir à l’intérieur poétique du monde », « Sculpter l’espace poétique », « Installer/ou/réactiver la durée poétique du monde », « Éprouver la sonorité poétique du monde »… comme pour éviter Hölderlin et ce poème obsédant (« En un bleu adorable… »), et ce vers qui résonne, depuis Heidegger, depuis Lacoue-Labarthe, depuis Jean-Luc Nancy, de rigueur et de désirs et de beautés — «(…) Telle est la mesure de l’homme./Riches en mérites, mais poétiquement toujours,/Sur terre habite l’homme. (…)» — tant lu et tant repris, tant travaillé par la parole philosophique, par la parole esthétique, utilisé aujourd’hui pour titrer des expositions (c’était ainsi en 2010-2011, « Habiter poétiquement le monde », au musée d’Art moderne, d’Art contemporain et d’Art brut de Villeneuve d’Ascq). Cette après-midi-là, aussi, l’ombre de Verlaine est passée, avec sa légèreté désabusée et sombre des « Fêtes galantes » et ce « Votre âme est un paysage choisi/Que vont charmant masques et bergamasques/Jouant du luth et dansant et quasi/Tristes sous leurs déguisements fantasques. (…) » Verlaine saisi par Watteau, par ses scènes de genre où les personnages semblent toujours absents au monde, proches de l’effacement, où les personnages ne vous regardent plus, vous tournant le dos, vous ignorant avec une telle obstination que vous ne savez plus qui est devenu le fantôme du monde. Eux ou vous. Ces personnages graciles, ces personnages masqués, lovés dans la musique de leurs passés et de leurs naufrages, qui fuient dans leur temps disparaissant, n’appartiennent plus qu’au monde du seul tableau, s’y perdent pour y laisser une tache délicate de couleur, une empreinte en creux de leur présence silencieuse désormais. Cette après-midi-là encore, des souvenirs de fragments de phrases d’Ismaël, le mélancolique narrateur/récitant du Moby Dick de Melville, se sont redessinées dans notre oreille : « (…) Regardez les multitudes qui s’y rassemblent pour contempler la mer. (…) Que voyez-vous ? Des milliers d’hommes, postés ici et là, partout, sentinelles silencieuses abîmées dans leur songe d’océan. (…) » Ce jour-là, le vendredi 25 octobre 2013, entre 17 heures et 19 heures 30, ces bouts de phrases, ces quelques vers se sont installés de façon précieuse, intime, pudique dans notre corps, dans notre corps de spectatrice. Peut-être nous ont-ils aidés à sortir de ce corps spectacle, factice, emprunté, mondain, sans nom. Ou, peut-être, au bout de tous comptes, ce à quoi nous assistions, dans de constantes surprises, nous a conduites vers ces mémoires de lectrice, vers notre flânerie, vers notre fragilité et notre écoute oubliée, inattentive, du monde présent. Nous étions là, au musée du Louvre, dans l’espace si froidement architecturé de la cour Puget. Nous étions là pour participer (c’était une question), pour assister (c’était l’autre question) à une performance, ou plus exactement à une « installation performative » conçue par l’artiste allemand Olaf Nicolai : L’Escalier du Chant (2011-2013). Il y eut plus tard une autre performance, sonore, (“Innere Stimme”) (2010). Nous nous sommes toujours demandé ce que nous étions, ce que nous devenions face à la performance — ou parfois dans la performance —, cette forme artistique qui brouille les disciplines des arts visuels et du théâtre, des arts plastiques et de la danse, précise dans l’immédiat de l’instant, éphémère mais souvent reproductible, protocolaire, et toujours autre lorsqu’elle se reprend ailleurs. La performance nous choisit un statut, nous l’assigne : celui de visiteur, de spectateur, de regardeur, de protagoniste occasionnel. Nous sommes alors à la fois foule et individu, toujours solitaires ; nous sommes masse et personne, toujours solitaires ; nous sommes consommateurs et consommateur solitaire… Mais, nous pouvons nous en défaire, nous pouvons, toujours, nous retirer de l’espace de la performance, nous retirer du soliloque, sans que cela défasse l’acte performé.

L’Escalier du Chant fut une expérience de tout. De l’espace construit et déconstruit, de la voix solitaire et collective, du mouvement et du déplacement aléatoires et impromptus des corps, de l’écho vibrant d’événements de notre siècle. D’une histoire qui trouva sa forme et son amplitude solidaire dans la tessiture d’une voix soprane ou basse, ténor ou mezzo soprane, dans ses modulations, dans ses excès d’aigus, dans ses ruptures, ses reprises, ses silences ponctuations. Une expérience du temps et d’une composition, par ajout de partitions et de récits, de formes. D’une production esthétique, comme surprise par la forme de la performance. Sans épiphanie. Et ce fut un jeu, presque un jeu de cache-cache entre nous et les chanteurs performeurs. Et avec l’artiste lui-même qui, anonyme, discret, vigilant, circulait entre tous les « acteurs » de cette scène neuve.

Olaf Nicolai a créé son installation performative et chantée avec la collaboration d’une dizaine de compositeurs à qui il a demandé des chansons (une partition musicale) dont les thèmes sont tirés de faits de l’actualité et des médias. Ainsi Tony Conrad a composé « Countermarch » (qui renvoie aux marches « anti-Obama » organisées aux États-Unis par le Tea Party) et « Homeless » (qui rappelle les attaques des Républicains américains contre les syndicats et le service public dans les États fédéraux), Elliott Sharp avec « Nakba Day » (qui évoque, à travers la journée du 15 mai 2011, le conflit entre Israéliens et Palestiniens) et « The Ballad of Bradley Manning » (ce soldat américain basé en Irak et accusé d’avoir livré des documents officiels), ou encore Georg Friedrich Haas avec « Schweigen II. Lampedusa »… Chanteurs et chanteuses ont formé par leur chant dans cet espace classique de la cour Puget une partition des événements du monde. Nous étions ainsi pris entre cette beauté classique d’une scénographie ponctuée des sculptures de l’école française des XVIIe et XVIIIe siècles, allégories, mythologies revisitées, et les effleurements, les tremblements du temps présent, de l’histoire. Visiteurs, spectateurs, nous regardions : les voix, les images à travers les voix, tels ces personnages décrits par l’Ismaël de Melville, mais nous ne pouvions avoir de rêves, sinon l’illusion que notre présent, peut-être un jour, pourrait être transformé. Au centre de cet espace devenu scène, un jardin intérieur, un jardin de trompe-l’œil, à l’intérieur duquel nous pouvions nous asseoir et écouter. Juste écouter et ne pas voir, ou par bribes, si notre regard se trouvait dans l’angle perspectif où l’un des chanteurs s’était placé. Nous avions alors ce sentiment d’être dans le tableau de Watteau, de le composer, à la fois présents et absents. Notre corps était dans un autre paysage, dans une écoute lointaine des « bruits » du monde.

Cette après-midi-là, nous avons choisi de ne pas être dans le tableau, mais dans l’espace de l’histoire que le chant formait. Nous avons choisi d’être aux aguets des voix qui semblaient s’échapper d’une sculpture, d’un rebord d’escalier, d’une ouverture architecturale… Nous avons entouré les corps chanteurs, nous nous sommes tenus près des corps sculptés, nous avons fait corps et sommes devenus chœur, chœur muet de cette partition. Alors nous pouvions dire : « Nous sommes le chœur muet dans cette expérience esthétique et dans cette expérience du monde à son moment présent. » Ainsi, dans la performance, mon corps est chœur. Poétique, si cela peut être accordé.

Une femme passa, et elle dit doucement : « C’est beau… » Oui, c’était cela. C’était terriblement beau, de cette « terrible beauté » que scande Yeats dans son poème « Pâques 1916 » pour dire l’exécution des chefs rebelles républicains irlandais par l’armée britannique. Serions-nous toujours le chœur muet de cette « terrible beauté » ?

À la fin de la performance d’Olaf Nicolai, nous fûmes conviés par les chanteurs à nous mettre en cercle, et à produire des sons, à émettre les balbutiements d’une partition inconnue…









La 55e Biennale de Venise Dimanche 3 novembre 2013

VENISE, NOTE DE PAGE (1)
(1) 31 octobre 2013 : retour à Venise pour cet événement — l’un parmi d’autres qui s’alternent dans les limbes de la lagune (Biennale internationale d’architecture, Biennale de la danse, Mostra, festival international du cinéma, Carnaval, etc.) — qu’est la Biennale internationale d’art contemporain, sise dans ces lieux historiques des Giardini et de l’ancien arsenal de la république maritime tournée vers l’Orient. Oublie-t-on une histoire ? Oublie-t-on que ce fut à Venise que « naquit » le premier ghetto, dans le quartier populaire de Cannaregio, situé au nord de la ville, que cette « mise à résidence », que cet « enfermement » des juifs de Venise décrété par le gouvernement de la République conquérante, y trouva là son nom (ce quartier était celui des fonderies, les « ghetterie » ou « getto » en italien du XIVe siècle), y trouva là ses premières formes, ses premiers interdits, ses premières organisations et résistances ? L’oubli… La disparition… Le recouvrement par les eaux sales, boueuses, regorgeant de matières spectrales. Venise vit désormais dans le rythme des saisons événementielles et des vacances touristiques. Nous retournons à Venise à la Toussaint ou pour la Toussaint. C’est une sorte de note de bas de page répétée dans le cours de la vie. Nous voudrions ne pas oublier… Et, pourtant, Venise est cette « île » instable, trompe-l’œil, close sur des habitudes de voyageuse occasionnelle, sur ses beautés nées des lents effacements décoratifs de palais tombant en ruine une année, restaurés une autre année, inlassablement rongés par l’humidité adriatique et le sel marin qui irradient les murs et les visages, qui irradient les fresques ou les façades peintes et les corps comme les métaux. Venise ou cette « île » qui flirte jusqu’au plus intime avec les fantômes, de la littérature, de la poésie, du cinéma, de la peinture, de la musique… Mais tout cela, vous le savez… Fantômes dont nous endossons les habits comme lors du Carnaval de février. Venise nous fait devenir masques de nous-mêmes, de nos inconscients, de nos terreurs, de nos hantises, de nos schizophrénies, de nos petits songes, de nos courtes illusions. Venise et cet idéal si surchargé de la beauté, de la somptuosité, de l’onctuosité. Venise et cette fixité de mort que Thomas Mann nous dit (nous ne pouvions l’éviter, les fantômes sont là, plus vivants sur l’île qu’ailleurs).
Nous revenons sur la lagune pour chaque Biennale d’art contemporain, une île dans l’île. Un îlot codé. Clôture dans la clôture. Ce sont des journées organisées, réglées, ponctuées par de brèves pauses où nos regards, soudain, s’abreuvent des valses de la vie réelle : Venise peut être une ville comme toutes les autres villes : les Vénitiens, les Vénitiennes nous arrêtent devant nos yeux incertains dans l’étroitesse noire d’une « calle », dans la circonférence sans ouverture d’« un campo », nous interpellent dans un vaporetto dont nous ne savons plus quel côté du Grand Canal il remonte ; les barques d’ordures sillonnent au matin les eaux des canaux mornes ; les bateaux ambulance esquivent les frêles embarcations de l’activité touristique… Venise vit… dans les sonorités des aigus et une élégance assurée. Et puis, nous retournons vers nos masques d’art contemporain, vers notre île de Biennale… Et nous marchons, et nous traversons pavillons nationaux, Arsenal, Corderies… En ce 31 octobre 2013, nous parcourons l’exposition générale intitulée « Il Palazzo enciclopedico »… À chaque Biennale, nous sommes déçues sans trop savoir vraiment quelle en est la raison. Une posture… Une habitude… Qu’attendons-nous dans ce lieu mythique ? Qu’attendons-nous que nous dise le présent de l’art dans ce lieu là ? « Il Palazzo enciclopedico » est une étrange tentative de revenir vers les mémoires d’un monde, vers les connaissances qui firent… que dire ? Comment le dire ?… notre monde occidental, rien qu’occidental. Ce monde dominant en faillite, qui se raccroche à un passé de savoirs et de connaissances, d’objets, de miroirs, de figures, de représentations, qu’il a évacué, nié, dont il a annoncé la fin et l’obsolescence, l’inanité dans sa poursuite d’un « bonheur » marchand, financier, rentable, immédiat, un bonheur du mépris et de la perpétuelle indifférence… Simple, le constat est désormais si simple. Mais ce « Palais encyclopédique », au bout de la longue promenade dans le corps des bâtiments de l’Arsenal, est une architecture momie, rigide, atone… Nous passons entre les œuvres devenues anthropologiques qui sont telles des fragments épars… Nous sommes sur l’île du monde occidental qui sait, désormais, si bien se représenter à l’état de ruine… Dérives vers la ruine contemporaine, dérives vers des archéologies contemporaines, sans doute est-ce cela : le monde est cet immense monstre archéologique qui tente de ressaisir les fils de la terre, de la représentation… C’est une vitrine et un vaste ordonnancement des choses, œuvres sculptées, images film ou vidéo, dessins esquisses… Il y une pièce de l’artiste Alfredo Jaar — représentant le Chili dans cette Biennale qui, symptomatiquement, conserve la tradition du XIXe siècle des nations et des frontières — qui, dans sa simplicité littérale — nous rend, dans un visible en pénombre, le corps enfoui de ce monde sous la forme parfaitement sculptée des Giardini et de ses pavillons nationaux : une maquette juste dans le fourmillement de ses détails du bâti et de la nature et de l’eau. Cette maquette est immergée dans un énorme caisson sculpture noir, plongée dans l’eau de la lagune… On y sent jusqu’à l’odeur nauséabonde qui prend les visiteurs attendant comme au théâtre l’apparition hors des eaux de cette reproduction en miniature des Giardini… L’attente est « récompensée », et ce qui est glorifiée par les brochures de voyage émerge lentement, recouvert de cette vase grise, sale… Fantôme d’un lieu… Littéralité vaine… Fantôme d’un monde, fantôme de ce qui devait flatter l’œil… Nous pourrions ainsi accumuler les mots, les choses vues pendant ce jour note de bas de page, mais reviendraient les mêmes mots : archéologie, œuvres utilisées comme image de la ruine, ou comme forme d’objet archéologique où l’humain et la terre en sa matière la plus crue, la plus banale, terre poussière, terre débris s’unissent, se tissent dans un dialogue de déséquilibre, d’incertitude, de trop-plein… Ou nous pourrions aussi revenir sur ces photos de l’artiste Dayanita Singh d’origine indienne, dans le pavillon allemand, qui laissent voir des pièces emplies d’archives, emplies de sacs, emplies de livres, emplies de documents dont on ignore la nature ou la fonction… Monde archive mourant de son trop de… Lara Almarcegui (pour l’Espagne) avec ses sculptures matériaux de pierre, de gravier, de sable noir venus de la lagune, dégueulant des salles du pavillon pour en faire regorger l’invisible ou le non-dit matériel… Encore, et encore, le souterrain revient, envahit le présent ; tout comme le pavillon israélien avec l’installation Workshop (2013), de Gilad Ratman, où performance et projection de celle-ci sur plusieurs écrans vidéo, se présente à la façon d’une exploration souterraine pour arriver dans le jour de la principale salle du pavillon national. Où d’autres performers tentent dans un excès expressif de se représenter eux-mêmes par la glaise, de sculpter leur propre visage, leur propre expression par cette terre molle… Schizophrénie, pathos d’un retour à la représentation…
Sur notre chemin du 31 octobre 2013, nous avons fait un long arrêt au pavillon de la Grèce… L’île de l’art s’est entrouverte sur le présent européen… Dérision et ironie traversent les trois vidéos qui cisèlent trois récits séparés et parfaitement parallèles pour ne plus constituer que la boucle froide de la circulation de l’argent et du rebus et de l’œuvre d’art à l’ère de sa marchandisation mondialisée… History Zero de Stefanos Tsivopoulos… qui met en scène la milliardaire collectionneuse qui réalise des bouquets de fleurs dont les fleurs sont des billets d’euros, l’homme sans abri, dans la précarité du migrant, qui circule nuit et jour dans la ville anonyme ramassant des déchets, des objets de consommation abandonnés, peut-être vendables, et l’artiste qui découvre cette même ville que l’on suppose être Athènes, et… Trois protagonistes qui s’ignorent mais qui forment la boucle de l’accumulation capitaliste, du désastre financier et de la pauvreté…
Le 1er novembre 2013, nous avons continué sur cette île dans « l’île »… Avec ces images. Et, très loin, au fond de l’Arsenal, dans un baraquement dans le « Giardino delle Vergine », nous avons découvert deux films qui nous sortirent du monde archéologique contemporain. Images virtuelles de l’artiste Hito Steyerl avec How Not to Be Seen. A Fucking Didactic Educational.MovFile (2013) où les personnages féminins fuient ce monde factice d’une visibilité falsifiante du réel, une visibilité totalitaire. Images des migrants installés provisoirement à Gênes, de l’artiste Bouchra Khalili, Words on Streets (2013). Le présent éclate… Là. Notre oubli du présent, ces vidéos perdues au fond d’une Biennale nous le mettent dans notre regard, celui qui, il y a quelques semaines, a vu sur les écrans de télévision, sur les pages Web, les corps des migrants, des femmes, des hommes, des enfants, naufragés, morts, dans les eaux méditerranéennes de Lampedusa… Corps enterrés dans le cimetière d’Agrigente… Le monde est présent… loin de la Biennale de Venise ou dans ces infinis détours…



Carnet pour une île, Vassivière, Limousin, septembre 2013.  
Jeudi 3 octobre 2013
DEVENIR UNE ÎLE
            Dans la nuit blanche,
D’un temps résorbé,
D’un temps contingent,
            L’île devint muette,
Corps posthume dans ma bouche coupée de mots,
            L’île fut là. L’île était là,
Dans son cercle absent

            Dans la nuit tacite,
Sans trêve de son destin monocorde,
Dans les spasmes des présents,
À l’ombre des saisons rassurantes,
Dans les paysages que je nommais – dans un Verbe fragile – opportuns,
            L’île rencontra, alors, dans sa marche close, la cohérence de la mort,

            Que faire de l’île
Dans le corps méduse du poème
            Que faire de l’île
Dans les ondes partagées
Des terres humaines,
Des continents séparés,
Des océans éteints,
Des promontoires pensifs,
Des presqu’îles évasives

            Que faire de l’île
Devant les impossibles dehors
Devant les justes deuils
Devant les horizons révulsés
  
                                                Dans ce temps assuré de sa limite.

            Que chaque corps devienne île,
                                    Devenir île,
Dans le songe d’une vie ordinaire,
Dans les derniers hivers bienveillants,
Dans les noirs étés reclus,

            Que faire du corps île du monde,
  
            Étendre nos corps, là,
Après,
Sous les pulpes des géométries généreuses,
Ailleurs,
    

Carnet pour une île, Vassivière, Limousin, septembre 2013.






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